Une recette est née
C'est un fait, la musique qui m'attire est essentiellement en mode mineur. Donc forcément plus ou moins triste. Et quand je m'essaye à la composition, les accords mineurs s'invitent sur mon piano comme une évidence.
Quand c'est gai je m'ennuie. La joie musicale m'insupporte, j'y vois une dégoulinade de candeur rose bonbon. Heureusement ce n'est pas tout le temps vrai. Chaque règle a ses exceptions et quelques morceaux franchement majeurs ont mes faveurs. Je pratique d'ailleurs le piano majeur de temps à autre sur ce site : l'impromptu de Schubert, le thème de Super Mario Bros, le Lac de Côme et c'est tout point trop n'en faut.
En tant que première composition piano, cette Chansonnette écrite il y a 10 ans se veut le terreau de mes mauvaises habitudes : un rythme ternaire (du 6 / 8 pour ce morceau), un festival d'accords mineurs, un (ouh là, pas plus !) petit accord majeur pour l'espoir, une mélodie qui rentre bien dans la tête (même quand on n'en veut plus), une intro et une conclusion plus lentes et à l'octave... Une recette est née.
J'ai écrit ce morceau en partant d'une frustration, celle de ne pas avoir sous la main la partition d'un morceau que j'aimais bien à l'époque : Irène, de Laurent Aknin. Je me suis depuis procuré cette partition, ce qui fera l'objet d'une prochaine vidéo. Avec le recul, je m'aperçois que ma Chansonnette ressemble plus à The Heart Asks Pleasure First de Michael Nyman qu'au morceau qui est à l'origine de mon envie de la composer. Ce n'est pas volontaire, ou alors inconscient car effectivement je me souviens avoir également travaillé le thème du film La Leçon de Piano.
Toujours est-il que le résultat me plaît, et c'est ce qui compte ! Jugez par vous-même.
Et vous, êtes-vous plutôt majeur ou mineur ?
Patrick
C'est très beau, bien sûr ; très sensible, délicat, nostalgique. Tableau pastel.
Certes la vie peut être perçue ainsi : nostalgie d'une beauté qu'on perçoit mais qui ne peut s'exprimer complètement.
Quand on écoute Brassens on est dans la même atmosphère nostalgique, un tantinet tristounette. Je m'en suis nourri à hautes doses pendant des années et j'adore toujours, mais je me suis rendu compte que, au fil des années, cela influait insensiblement sur mon comportement déjà plutôt pessimiste. Si on n'y prend garde, trop de nostalgie, trop de tristounetteté, peuvent rendre un petit peu dépressif, à la longue, vraiment dépressif !
Alors un peu de joie ne fait pas de mal : la joie des enfants par exemple. Cette joie simple, primaire, non calculée, c'est celle que nous restitue Offenbach. Tous ses personnages sont des caricatures des comportements enfantins chez les adultes. Et ça fait du bien. C'est en 'majeur' le plus souvent je crois.
Et puis il y a la joie intérieure exprimée par Bach par exemple. Y a-t-il de joies plus puissantes que celles exprimées dans le 'Choral du Veilleur' ou le Concerto pour quatre pianos (entre-autres) ?
Mineur : à la recherche du Continent perdu ?
Majeur : extériorisation partielle et momentanée du Continent un instant retrouvé ?
Christine
Bravo pour ce magnifique morceau !
Annick
Gaël bonjour! Je viens de prendre connaissance de ta mélodie. Alors comme composition j'adhère. Je n'ai pas de connaissance, bien sûr, sur les auteurs musicaux qui ont pu t'inspirer. Cette composition, pour ma part, je l'entendrai volontiers pendant un temps de silence, de réflexion. Mais contrairement à toi, tant pis si c'est "rose bonbon" il me faut retrouver des morceaux gais, vifs, enjoués. Bien entendu, pas à longueur de journées; mais lorsque les journées, à ciel bas, neigeux, aux tristes nouvelles, comme ces temps-ci, il est vital pour moi de compenser parce type de musique peut-être un peu facile.
Ceci dit, je suis toujours admirative de ce que Tu peux produire.
Elise
Ca détend ! Ca fait du bien ! Ca m'apaise ! Après une journée de boulot et une heure de natation.... Encore !